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Anti-âge: Jeunesse éternelle

Personne n’aime vieillir, surtout quand l’avancée en âge est assombrie par une maladie chronique. Dans l’entretien ci-dessous, le Dr méd. John van Limburg Stirum, spécialiste en médecine anti-âge, nous explique comment rester le plus longtemps possible en bonne santé.

Quand les premiers signes de vieillissement apparaissent-ils?
Dr méd. John van Limburg Stirum*:
dès la naissance. La nature a prévu que nous naissions pour être en bonne santé et transmettre nos gènes à la génération suivante. Nos ancêtres avaient toutefois une espérance de vie d’à peine 30 à 40 ans. Aujourd’hui, l’espérance de vie moyenne est deux fois plus élevée, avec les signes de vieillissement normaux qui en résultent. L’élasticité de la peau et la masse musculaire diminuent par exemple. Mais le processus de vieillissement dépend aussi de facteurs influençables. Certaines personnes se sentent déjà vieilles à 40 ans tandis que d’autres sont encore en pleine forme à 80. Et surtout, on devient vieux quand on n’a plus de projets et que l’on n’est plus tourné que vers le passé.

Pourquoi la plupart des gens n’ont pas envie de vieillir?
Avec l’âge, on prend conscience de la finitude de notre existence. Cela fait généralement peur. De plus, beaucoup associent le vieillissement aux maladies chroniques. Ce n’est pourtant pas une fatalité. De nombreuses maladies de civilisation sont évitables. Mais la plupart des gens comptent sur les autres pour s’occuper de leur santé. Ils vont chez le médecin quand ils sont malades et se font prescrire des médicaments contre leurs symptômes. Les études montrent qu’aujourd’hui, on devient effectivement vieux mais que la qualité de vie diminue déjà sensiblement après 40 ans. Pour beaucoup, une vie plus longue se traduit par une mort plus lente.

Quel est l’objectif de la médecine anti-âge?
Permettre à l’être humain de rester le plus longtemps possible en bonne santé et de profiter d’une bonne qualité de vie. Pour cela, notre corps a besoin de conditions optimales. La médecine anti-âge vise à éviter la chronicisation des maladies en s’attaquant à leurs causes. La médecine conventionnelle met généralement l’accent sur le traitement, autrement dit sur le fait de réprimer les symptômes. Ne me comprenez pas mal, pour beaucoup de maladies graves, nous avons besoin de la médecine conventionnelle. Mais la médecine anti-âge obtient de très bons résultats dans la prévention des maladies de civilisation.

Que pouvons-nous faire pour bien vieillir?
La plupart des gens ne se soucient de leur santé que quand ça ne va pas. Je recommande plutôt de se demander le plus précocement possible si certains déficits ou facteurs délétères pourraient favoriser l’apparition d’une maladie chronique.

Quelles mesures la médecine anti-âge met-elle aujourd’hui en avant?
La médecine anti-âge est fondée sur les causes et repose sur deux grands piliers: il s’agit d’une part d’éliminer les influences négatives et, d’autre part, d’apporter de bonnes choses. La répression des symptômes passe à l’arrière-plan, car ils disparaissent généralement quand on identifie la cause et qu’on s’occupe du facteur perturbateur.

Pouvez-vous nous donner un exemple?
Oui. Une patiente est venue me consulter après des années à souffrir de rougeurs à un œil et de suivi par un ophtalmologue. J’ai constaté que l’une de ses dents était dévitalisée, autrement dit morte. Je lui ai conseillé de la faire arracher et voilà que sa rougeur oculaire a disparu avant même qu’elle sorte du cabinet dentaire.
Autre exemple, un patient a présenté pendant des années une mycose des ongles et consulté sans succès plusieurs dermatologues avant de se retrouver dans mon cabinet. J’ai vu qu’il avait plusieurs amalgames dentaires et je lui ai conseillé d’assainir la situation. Après cela, sa mycose des ongles a guéri.
On sous-estime souvent l’importance de la santé de nos dents.

Quel est l’impact de la pandémie sur nos processus de vieillissement?
Il est extrêmement négatif. De nombreuses personnes souffrent de l’isolement et de peurs existentielles ou prennent du poids, car elles mangent par frustration et bougent moins. L’être humain a besoin de contacts. Les accolades et les bisous activent le système immunitaire par l’échange de microorganismes qu’ils impliquent. Ils nous rendent plus forts.

Quelles mesures de lutte contre le vieillissement vous semblent les plus importantes?
Il est scientifiquement prouvé que l’arrêt du tabac, un sommeil suffisant, une activité physique régulière et une alimentation moins abondante mais plus saine influencent positivement le processus de vieillissement.

Voyez-vous certaines tendances anti-âge d’un œil plus critique?
Oui, depuis le début de la pandémie, on assiste à un boom des opérations de chirurgie esthétique. Quand une personne souffre de son apparence physique, une telle opération peut être tout à fait judicieuse et améliorer la qualité de vie. Mais, aujourd’hui, beaucoup passent sous le bistouri juste pour donner une image la plus parfaite possible dans les médias sociaux. C’est très discutable.

Pour beaucoup, le terme «anti-âge» est associé aux crèmes antirides. Ces produits remplissent-ils leurs promesses?
Oui et non. D’un point de vue légal, les cosmétiques ne peuvent agir que sur la couche supérieure de la peau. S’ils pénétraient dans les couches plus profondes, ils devraient être déclarés comme des médicaments. Il est toutefois utile, à long terme, d’hydrater la peau à l’aide d’une crème. Cela contribue également à ce que notre enveloppe corporelle reste protégée au mieux par son film protecteur naturel.

Quel est le rôle de l’alimentation dans une démarche anti-âge?
Il est très important. Pendant la pandémie, de nombreuses personnes ont pris du poids, ce qui est délétère pour le processus de vieillissement. Je conseille de contrôler son poids en se pesant une fois par semaine. S’il a augmenté, mieux vaut manger un peu moins. La prise de poids est favorisée par le manque d’exercice, car les muscles s’atrophient. Les muscles sont nos meilleurs alliés pour brûler les graisses.
L’idéal serait de se nourrir comme avant l’époque de la production industrielle des denrées alimentaires. L’alternance entre phases de satiété et de faim est aussi importante. Je recommande le jeûne intermittent, qui consiste à ne pas manger pendant 16 heures de la journée.
En règle générale, il est judicieux de réduire la consommation de glucides raffinés comme la farine blanche et le sucre. Le sucre a une influence particulièrement délétère sur notre santé. C’est une drogue qui nous rend dépendants et malades. Il dérègle le métabolisme, bouche les vaisseaux et crée des adhérences au niveau du tissu conjonctif.

Dans quels cas faut-il se supplémenter?
Avant de se supplémenter, il faut détoxifier l’organisme. Il est faux de croire que la prise de suppléments peut compenser des pêchés comme le tabagisme ou l’abus d’alcool. Je recommande une supplémentation en présence d’un déficit avéré en certains nutriments comme le fer ou la vitamine B12. Ces carences touchent par exemple les personnes qui se sont fait réduire l’estomac ou ont une alimentation déséquilibrée.
Certains déficits peuvent aussi être corrigés en adaptant son alimentation. La médecine chinoise recommande par exemple de varier le plus possible les couleurs de notre assiette. Nous apportons ainsi à notre organisme une palette variée de nutriments.

Quelle dose d’activité physique s’avère intéressante?
Il y a activité physique et activité physique. Certains pensent que la petite sortie dans la rue avec le chien suffit. Pour obtenir un effet anti-âge, le pouls et la fréquence respiratoire doivent augmenter. Le bon critère, c’est de pouvoir continuer à soutenir une conversation. Après une séance, on doit se sentir bien, et encore mieux le lendemain. Si vous êtes encore HS trois jours après, c’est que quelque chose cloche. L’idéal, ce sont les sports qui font travailler tout le corps comme l’aviron ou le jogging. L’activité physique agit contre la mort des cellules cérébrales. Je recommande de faire du sport trois jours par semaine. Sans pour autant y consacrer des heures. L’important est d’atteindre si possible une fois ses capacités maximales pendant la séance. Notre corps aime les défis.

*Le Dr méd. John van Limburg Stirum est spécialiste en médecine anti-âge et directeur-fondateur de la Seegarten Klinik de Kilchberg.

Informations supplémentaires
Site internet de la Swiss Society for Anti Aging Medicine and Prevention: www.ssaamp.ch.

Cet article a été publié dans une édition d’astreaPHARMACIE et adapté pour le site web. L’édition complète d’astreaPHARMACIE est disponible en pharmacie et paraît dix fois par an.